jeudi 28 mai 2009

Songe phantasmagorique.



Je ne sais pas vraiment comment je suis arrivé ici. Je me souviens m’être endormi devant une émission de télé réalité cherchant des soi-disant musiciens. Et me voici ici, dans cette salle, qui semble être une succursale du paradis, d’un blanc qui a gardé sa pureté, malgré l’odeur de passé qui flottait ici. Peut être est-ce un songe ? me dis-je. Je pris alors l’initiative d’explorer cet endroit. Mais où aller ? Une salle sans fin, par où commencer ? J’avançai alors droit devant moi, quand tout-à-coup, une porte rouge sang, apparut. C’était effrayant, la rougeur de cette porte dans ce blanc infini me rendit mal à l’aise. J’ouvris alors cette porte, avec crainte et hésitation. Une chaleur agréable alors me réveilla les sens, je me crus dans ces îles paradisiaques que je n’ai vu qu’en photo dans les publicités. Je m’avançai alors, plus aucun sentiment de peur ou de doute, le bonheur m’attendait. Ce bonheur que moi, Robert Flynn, alias Rob, n’ai jamais connu dans mon petit immeuble du cinquième étage de Bruton Street dans la banlieue de Londres. Ici, oubliées les rues de Londres, oubliés les divers et nombreux problèmes qui m’ont poussés à tomber dans la drogue et l’alcool depuis que je suis à Londres. La drogue et l’alcool. Seraient-ils coupables de ce rêve ? Si encore s’en est un. Il m’est déjà arrivé d’avoir d’étranges visions, mais jamais aussi réalistes qu’aujourd’hui. Rien n’est flou. Un lac d’eau chaude d’un bleu incomparable se présente à moi alors que je continue mon excursion. Il est si beau, je ne peux résister je m’élance alors. Je me sens vraiment au paradis, l’eau est d’une pureté incomparable et la température est juste comme il fallait.

Au bout d’une heure à patauger comme un enfant, je sentis la solitude s’emparer de moi. Un endroit paradisiaque comme celui-ci ne devrait pas être si désertique ! Je me rhabillais alors et continuais mon excursion, dans ce qui semblait être une forêt. C’est étrange depuis que j’ai passé la porte, tout était rouge, comme si un écran rouge transparent s’était mis devant mes yeux. C’est alors que mon bienêtre s’estompa. Devant moi, au milieu d’un cercle ou les arbres avaient semble-t-il été coupés. Cinq corps décomposés transpercés d’un poteau de bois se présentaient à moi. Ils semblaient ici depuis toujours, vu l’état de décomposition où ils étaient (les os seuls étaient visibles) et leur tenue qui semblaient très ancienne. Après m’être remis de cette vision morbide, je décidai d’examiner un peu l’endroit. Il est vrai qu’un être normal aurait fuit en pleurant. Moi non, lobotomisé par la télévision, les films gores étaient ma spécialité, ayant tout vu, je n’avais pas peur. Je me rendis alors compte que les corps étaient disposés de telle sorte que cela formait un pentacle. Un vieux rite indigène me dis-je. Un craquement de branche, des cris d’indigènes et un trou noir. Je ne me suis pas fait assommé, je me réveillais debout et marchant attaché, le meneur me tenant comme un vulgaire animal au bout d’une laisse. Ils étaient humains sans l’être ; certaines parties de leur corps étaient dépourvus de peaux, et laissaient paraître leurs os. Ils avaient tous un visage touché par les âges, certains centenaires Londoniens paraissaient plus jeunes. Finalement j’arrivai près d’un immense arbre, où la végétation était plus dense qu’ailleurs. Et toujours ce voile rouge devant mes yeux. Un homme, immense, sorti de nulle part, dans l’ombre des branches de cet arbre. L’homme était vraiment effrayant, il était anormalement grand ; du haut de mes 1m91 je lui arrivais au nombril, il avait la carrure d’un guerrier viking, avec sa chevelure blonde et ses muscles proéminents. Il me parla. Me parla dans un dialecte que je n’avais jamais entendu, mais que malgré tout je comprenais. Il m’explique qu’il s’appelait Gezamoth, que j’étais ici dans le royaume de Luktu, et que je n’étais pas bienvenue. Il me mit le torse à nu, m’agenouilla et me grava sur le torse un pentacle, avec un des symboles qui étaient surement leur alphabet, au bout de chaque branche. Il donna ensuite l’ordre de m’enfermer dans une cage en bois suspendue à l’arbre.

3 jours et 3 nuits passèrent. Ici, les animaux n’étaient pas craintifs des hommes, un peu comme les pigeons à Paris. Ce qui me permit de ne pas mourir de faim et d’attraper les oiseaux et les quelques primates qui s’aventuraient près de ma cage. La vie des indigènes était étrange. Ils ne mangeaient pas, ne buvaient pas, ne parlaient pas, ne travaillaient pas et sortaient très peu de leur cabane. Un jour, je vis une chose terrible. Un soir que j’essayais de m’endormir, je vis une femme sortir de sa cabane et rejoindre un homme seul en forêt. Ils firent l’amour, et par la même occasion, m’offraient un peu de distraction. Le lendemain matin, je revis la jeune fille sortir de sa cabane, trainée par les cheveux par ce qui semblait être son mari. Et là, je vis le sacrilège terrible qu’il lui infligea, un sacrifice terrible à leur dieux des enfers pour punir l’adulère. Je ne pourrais décrire la cruauté de la scène tellement ce fut sanglant.

Mais qu’allaient-ils faire de moi ? Je pensais qu’ils attendraient la pleine lune, ce qu’ils firent. Ils me sortirent, et m’emmenèrent là ou ils m’avaient trouvé, au milieu des cinq cadavres. Là, la lune envoyait son rayon le plus éblouissant. Et après quelques chants en langue vernaculaire, je vis leur os à l’air se recouvrir de chair, je vis leurs rides se regonfler, leur cheveux se colorer, et ils m’apparurent jeunes et nouveaux. C’est alors de Gezamoth m’éclaircit. Les habitants de Luktu furent maudits après que leur empereur donna son âme au diable. Leur village fut entièrement détruit, ne laissant aucune trace de leur civilisation. Et depuis 5 000 ans ils attendaient qu’un Blanc assez perverti pour les voir vienne les sauver. Il devait être sacrifié par des tortures démoniaques pour que les morts puissent reposer en paix. Ma curiosité s’estompa quand je réalisais que j’étais le Blanc. Ils ramenèrent le cadavre de la jeune fille tué il y a plusieurs jours maintenant, la vidèrent de son sang pour tracer le pentacle invisible entre les cadavres. Un nouveau trou de mémoire. Il faisait jour, j’étais toujours au milieu du pentacle, mais tous les indigènes étaient partis. Je me sentais très bien pour un Blanc qui devait être sacrifié, jusqu’au moment ou j’essayai de me relever, et que je me rendis compte que mes 4 membres principaux avaient disparus. Oui je dis bien 4, mes bras, mes jambes. J’eu l’impression que c’était une punition de ce qui paraissait être ma vie antérieur. Mes bras pour l’héroïne que je consommait, mes jambes pour les innocents que je frappais avec frénésie lorsque je voulais une cigarette.. Mais je n’avais pas mal, après tout, ils m’avaient purifiés.

Je ne sais pas vraiment comment suis-je arrivé ici. Je me souviens m’être endormi au milieu de cadavres, les membres coupés. Et me voici ici, dans une salle blanche, dans cette belle ville de Londres. Je n’ai pas rêvé, ça ne pouvait être un rêve. Mes bras, mes jambes, rien ne manquait. Mais le pentacle était toujours gravé sur mon torse. Depuis ce jour, ma vie a retrouvé un sens, Gezamoth et son peuple m’ont réellement purifié. Je n’ai pas rêvé, ils m’ont emmené parmi eux, m’ont ramené à Londres, mais je n’ai pas rêvé.

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